Le caractère opportuniste du loup le rend capable de s’adapter et de vivre dans des milieux variés. Au gré de ses besoins alimentaires et des territoires disponibles, il fréquente aussi bien les zones d’altitude et les massifs forestiers que les plaines, bocages et périphéries urbaines. Qu’on se le dise : le loup, ce grand prédateur, s’accommode très bien des activités humaines ! Des observations ont même été rapportées jusqu’en périphérie des grandes villes. Ainsi, pour le troupeau qui pâture librement en montagne comme pour l’élevage parqué au centre du village, le risque d’attaque est avéré. Pour quelles raisons un élevage est-il plus susceptible d’être la cible du loup ? Et comment agir ? Le loup est un animal furtif et imprévisible : à défaut de pouvoir déjouer toutes les attaques sur le troupeau, il est possible d’adopter des mesures de protection pour réduire le risque de prédation.
Les facteurs de vulnérabilité d'un troupeau face à la prédation du loup
En alpage ou sur l’exploitation, le niveau de vulnérabilité d’un élevage est toujours multifactoriel. S’il est vrai qu’un élevage a plus de risques de se faire attaquer dans un espace boisé aux reliefs accidentés, la configuration de l’environnement n’est pas le seul paramètre à étudier. Évaluer le niveau de vulnérabilité d’un élevage ne se limite donc pas à des facteurs de milieu. Il convient de considérer plusieurs variables, sur lesquelles le berger ou l’éleveur a plus ou moins de pouvoir d’action.
LES FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ SUR LESQUELS IL EST DIFFICILE D’AGIR :
- Les contraintes locales : certains éléments de contexte ne laissent que peu de latitude pour réduire le risque de vulnérabilité. Prenons le cas des bergers évoluant dans des régions montagneuses très touristiques, comme dans les Alpes. Plusieurs centaines de randonneurs sont susceptibles de traverser quotidiennement l’alpage, ce qui perturbe inévitablement la tranquillité du troupeau et génère des tensions avec les chiens de protection. Ponctuellement, le berger préférera donc déplacer son troupeau vers des zones plus isolées s’il le peut, l’exposant davantage aux risques de prédation. Le territoire dans lequel travaille l’éleveur ou le berger impose donc des défis singuliers avec lesquels il faut pouvoir composer. D’autres variables, liées à l’environnement et à sa configuration, exposent le troupeau à un risque de prédation accru : des reliefs accidentés et une végétation dense compliquent la surveillance du troupeau, tant pour le berger que pour les chiens, de même qu’une ressource insuffisante en herbe oblige les bêtes à se disperser.
- L’aléa loup : il se peut que l’élevage se trouve sur une aire de colonisation du loup. Auquel cas, il ne sera que de passage, et ses visites plutôt occasionnelles. À l’inverse, si le troupeau se trouve sur une zone de présence permanente ou à proximité d’une zone de reproduction, il faudra s’attendre à une pression de prédation plus importante. Rappelons toutefois que le nombre d’individus n’est pas le facteur de risque le plus déterminant. La personnalité individuelle du loup ou la culture du groupe sont bien plus révélatrices : si certains loups démontrent une nature plutôt passive face à un troupeau et préfèrent chasser la faune sauvage, d’autres en revanche se montrent très audacieux et n’hésitent pas à défier les chiens de protection ou à sauter par-dessus les parcs, même en journée. Le degré de vulnérabilité du troupeau n’en sera que plus préoccupant.
Les circonstances extérieures aggravantes : malgré tous leurs efforts, les bergers et éleveurs restent confrontés à des facteurs imprévisibles et indépendants de leur volonté : les intempéries, les pannes matérielles, les blessures des chiens de protection ou la hausse de la fréquentation humaine à proximité des élevages rendent la protection des troupeaux particulièrement aléatoire.
LES FACTEURS DE VULNÉRABILITÉ À L’ÉCHELLE DU TROUPEAU :
La prédation par le loup est un défi complexe auquel chaque élevage est confronté de manière unique. L’exposition au risque est étroitement liée aux choix de gestion pastorale et aux mesures de protection mises en œuvre.
- L'organisation pastorale : le système pastoral constitue un système dynamique où de multiples variables interagissent. La taille du troupeau, sa nature ou encore son type de conduite impactent l’exposition au risque de prédation. Par exemple, un élevage extensif conduit en alpage constitue une configuration plus risquée qu’un petit troupeau confiné dans un parc. De même, les phases de déplacements peuvent constituer des moments critiques. Les longs trajets, particulièrement à l'aube et au crépuscule, rendent les troupeaux plus vulnérables, d'autant plus lorsque la distance entre les zones de pâturage et de couchage est importante. Les animaux qui s’écartent du groupe, tels que les brebis retardataires ou les agneaux, sont souvent des cibles privilégiées pour les attaques. Le regroupement de brebis de différentes races appartenant à plusieurs propriétaires accroît la vulnérabilité du groupe face au prédateur, les différences de comportement et les habitudes de chaque troupeau occasionnent parfois des difficultés à se rassembler et à se déplacer de manière homogène. Enfin, les conditions de travail du berger ou de l’éleveur influent sur sa vigilance : un alpage sous-équipé, dépourvu de cabanes ou privé de route carrossable contraint l’alpagiste à de fréquents et longs déplacements, ce qui augmente la fatigue. Ce paramètre peut être la source d’une augmentation du risque d'attaques opportunistes par le loup. Et lorsque l’attaque survient, il est préférable de changer de zone de quartier pendant quelques jours, pour dérouter le prédateur et l’empêcher d’anticiper les déplacements du troupeau.
- Les moyens de protection face au risque de prédation : les clôtures électriques et les parcs constituent la première ligne de défense face au loup. Mais leur installation reste compromise en alpage et sur les parcours. Leur efficacité dépend de leur montage et de leur entretien. La présence humaine est le facteur clé, le berger permet la surveillance du troupeau mais aussi la gestion des outils de protection, ses compétences et son expérience du terrain sont des atouts précieux. De même, le recours à un aide-berger permet de répartir les tâches et d’améliorer les conditions de travail. Les chiens de protection sont des auxiliaires indispensables : leur nombre, leur âge et leur éducation sont des facteurs déterminants dans leur capacité à dissuader les prédateurs et à protéger les troupeaux. Enfin, les tirs de défense constituent une mesure de protection supplémentaire.
Gestion de la prédation : comprendre le risque pour mieux s'en protéger
Au quotidien, la gestion de la prédation est une démarche active qui requiert de l’observation, une connaissance approfondie des moyens de protection, du comportement du loup et une adaptation constante des pratiques pastorales. L’expérience du berger et son implication sont des atouts indispensables pour prévenir au mieux les attaques de prédateurs. La gestion du risque procède de plusieurs étapes :
- Le suivi local, pour mieux cerner le prédateur : les éleveurs et bergers qui déjouent le mieux les offensives du loup sont généralement ceux qui ont appris à bien connaître le comportement du prédateur : « connaitre son ennemi pour mieux le combattre ». Le suivi local consiste donc à documenter la présence du loup et à appréhender les circonstances dans lesquelles surviennent les attaques. Les informations sont recueillies à l’aide de pièges photos et de caméra thermique. Le recueil de témoignages complète l’analyse.
- L’interprétation des données, pour réfléchir aux points à ajuster : il récapitule les facteurs de vulnérabilité observés à l’échelle du territoire et du troupeau. Les données recueillies localement sur le loup sont également interprétées. En résulte un état des lieux qui évalue l'efficacité des mesures de protection mises en place et identifie leurs limites.
- Le choix des outils de protection, pour mettre en application : tirer le bilan de la situation ne supprime pas l'incertitude liée à la prédation, mais aide les éleveurs et les bergers à prendre des décisions plus rapides et plus éclairées. À ce stade, il s’agit d’orienter les investissements vers les actions les plus pertinentes : gardiennage, clôtures, regroupement, chiens de protection, tirs de défense…
- Le suivi de l’efficacité du schéma de protection, pour continuer de s’adapter : la prédation par le loup est un phénomène complexe, imprévisible et évolutif. Il est donc préférable de tirer régulièrement le bilan des actions posées pour identifier les leviers d’amélioration. En se dotant d'outils de suivi, les éleveurs et bergers acquièrent une meilleure compréhension des mécanismes de la prédation et renforcent leur capacité à prendre des décisions autonomes, adaptées au contexte spécifique de leur exploitation.
Étude de vulnérabilité : mieux sécuriser son exploitation, ça s’apprend !
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